le 20/03/2002

 
 
 
 
 
     
     
     
     
     
     
     20/03/2002
     
     
     
     
     
     
     
     
 
 
 
 
 
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Le Temple d'Or

Il est 6 heures du matin et le soleil se lève sur la vieille ville d'Amritsar, qui lentement sort du sommeil. Seuls quelques passants marchent d'un pas tranquille dans les rues. A l'extérieur du temple, des bus et des camions aux bennes remplies débarquent les pèlerins qui ont fait longue route pour visiter le Temple d'Or, le sanctuaire le plus vénéré de la religion sikh.

Tout a été conçu pour que le temple puisse accueillir le plus grand nombre de pèlerins

Certains fidèles ne font que passer. Ils visitent le temple avant de se rendre au travail, mais des centaines d'autres resteront ici plusieurs jours. Tout a été conçu pour que le temple puisse accueillir le plus grand nombre de pèlerins. Alors, tandis que certains, fraîchement arrivés, se rendent directement au temple et déposent dans les consignes leurs chaussures et leur bagages, d'autres se dirigent vers les niwas pour réserver une chambre. Dans ces vastes centres d'hébergement situés aux portes du temple, des centaines de familles sont logées gratuitement. Les chambres sont situées dans les étages, mais quand le niwas affiche complet, la cour centrale est recouverte de matelas sur lesquels les familles peuvent dormir ou se reposer.

Dès le petit matin, la vie bat son plein. Dans la grande cour des niwas, ces nouveaux arrivants croisent des femmes qui nettoient leur linge, des enfants qui courent entre les matelas et des familles qui attendent le bus du retour. Dans les salles de bains communes, les hommes se coiffent du long turban qui couvrent leur chevelure.

Chants, lectures, prières et marches silencieuses autour du bassin sacré

Près des quatre portes du temple, chacune située aux quatre points cardinaux, les gardiens, portant turban violet et toge orange, veillent au respect des règles. On ne pénètre dans ce lieu sacré que tête couverte, pieds nus et propres. A l'intérieur du temple, les nuits sont pareilles aux journées : le même manège se déroule fait de chants, de lectures, de prières et de marches silencieuses autour du bassin sacré, le bassin de nectar qui a donné son nom à la ville. Les hommes s'immergent dans l'eau sacrée du bassin entourant le Temple d'Or, tandis que leur femmes remplissent des gourdes qu'elle ramèneront chez elles. Dans le temple surmonté d'une coupole dorée, musiciens et chanteurs interprètent jour et nuit les chants religieux, retransmis par hauts-parleurs. Les fidèles se pressent aux portes pour les écouter et déposer leurs offrandes, des pâtisseries qu'on appelle prassad. Elles seront ensuite redistribuées à tous les visiteurs. Et derrière les vitrines, disposées en des endroits stratégiques du temple, des prêtres se relaient dans la lecture continue du Granth Sahib, le livre sacré et guide de la communauté.

Des centaines de bénévoles préparent le repas et assurent le service pour les 50 000 visiteurs quotidiens

La cantine, langar en penjabi, où les fidèles et les visiteurs peuvent prendre leur trois repas, fonctionne également de manière continue. Des centaines de bénévoles préparent le repas et assurent le service pour les 50 000 visiteurs quotidiens du temple. Dans les cuisines, les chants des volontaires préparant le repas couvrent les bruits de la vaisselle lavée dans les grands bacs situés à l'extérieur. Et dans le réfectoire, le défilé des volontaires servant ce simple repas composé de lentilles et de chapati n'est qu'un aperçu de l'organisation mise en place. Avant chaque repas, les quelques 500 convives chantent en chœur une prière remerciant dieu et tous ceux qui ont rendu possible de partager ce repas.

Un pont entre deux religions

Le Sikhisme est un mélange de tous ces ingrédients : partage, générosité, ouverture au monde… L'accueil de tous, sans préjugé d'appartenance religieuse, de race ou de caste est au cœur de la religion fondée par Guru Nanak à la fin du XVème siècle. Grand voyageur, il parcouru pendant plus de 40 ans, le continent indien, le Népal, le Tibet, et le monde arabe. En réaction aux système des castes, aux rites brahmaniques et à l'austérité de l'islam, il fonda le sikhisme et tenta de dresser un pont entre les deux croyances. Ainsi, les sikhs s'opposent au culte des idoles et croient en un dieu unique, mais comme les hindous et les bouddhistes, ils croient au concept de samsara selon lequel l'homme peut se délivrer du cycle des réincarnations. Concept propre au sikhisme, le khalsa, pose le principe d'une race élue de saints combattants respectant un code moral très strict. Pour Guru Nanak, la vérité n'est pas le fait d'une caste ou d'un livre sacré, mais se trouve en tout homme, à force d'efforts et de discipline.

Nani et Minh

A suivre en images :
les rues d'Amritsar
le temple d'Or