le 15/05/2002

 
 
 
 
 
 
     
     15/05/2002
     
     
 
 
 
 
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Une situation difficile

Entre les deux géants que sont la Chine et l'Inde, le Népal est un tout petit pays. Un des plus pauvres au monde. L'économie est dominée par l'agriculture et le tourisme, et l'industrie embryonnaire ne répond pas à la demande d'emploi. Le pays, envahi par les montagnes, souffre d'un manque de ressources et la surpopulation entraîne la surexploitation des terres cultivables et des forêts.

Pour ceux qui vivent du tourisme, la situation était plutôt favorable ces dernières années. Mais récemment, la situation politique est venue assombrir les perspectives d'avenir. Goulam a émigré du Cachemire au Népal il y a 16 ans pour monter une entreprise familiale de tapisserie, arrosant de sa production tous les magasins de Pokhara. A plus de 50 ans, il emploie 200 personnes mais leur avenir à tous tient aux deux prochains mois. "Si dans 2 mois, la situation du pays et ma situation financière ne s'améliorent pas, je devrais tout quitter et reconstruire ailleurs."

Derrière le sourire et la gentillesse, on devine une peur

Car la situation politique a récemment empiré. Pour 6 mois encore, l'état d'urgence et le couvre-feu ont été déclaré. Et comme tous les jours, la Une du Kathmandu Post ressemble à celle de la veille : "Les militaires tuent 20 rebelles maoïstes ", " Plus de 300 morts dans les combats qui ont opposé les rebelles aux forces militaires"...

Peu à peu, de rencontre en rencontre, derrière le sourire et la gentillesse des népalais, on commence à deviner un sentiment de peur. Peur des maoïstes "parce que personne ne sait qui ils sont. Peut être que mon voisin est maoïste, je ne le sais pas", nous disait une habitante de Katmandou. Un autre ajoutant à notre attention : "Entre Pokhara et Katmandou, ne vous arrêtez pas n'importe où. Faites étape dans une ville et demandez la permission de vous installer pour la nuit." Dans les villages, la tension est également présente. Dans les montagnes au nord de Pokhara, des villageois sont venus vers nous et nous ont recommandé de ne pas dormir isolés dans la nature, d'autres nous conseillant de n'ouvrir la porte à personne.

Peur de l'avenir aussi. L'année dernière, la mort du roi a violemment secoué le pays. La version officielle a annoncé que le roi et les membres de la famille royale ont été assassinés par le fils du roi, pris d'un accès de démence. Mais nombreux sont ceux qui ne croient pas à cette version des faits. Le frère du roi est maintenant au pouvoir, et contrairement à son prédécesseur, il a fait appel à l'armée pour régler la situation, surfant sur la vague mondiale de l' anti-terrorisme.

La naissance détermine encore la place dans la société

Dans ce climat particulièrement difficile, les perspectives d'avenir semblent sombres à tous. Un sentiment renforcé par les obligations imposées par le système de castes. Pour de nombreux népalais, la naissance détermine encore la place dans la société. Destin, fatalité. Karma selon les hindous. Le fils d'un tailleur de basse caste ne peut épouser une femme d'une autre caste et doit exercer le même métier que son père.

Pour les plus jeunes, s'installer à l'étranger représente une opportunité. Celle d'échapper à la pauvreté et à l'incertitude quand à leur avenir. Un moyen aussi de se tenir à l'écart du système des castes et de mener une vie plus libre. Alors certains cherchent des sponsors dans les pays occidentaux, tandis que d'autres s'imaginent rejoindre les Gurkhas, des mercenaires népalais que beaucoup d'armées étrangères emploient. Beaucoup ont des frères, des amis en Occident pour lesquels la vie est plus facile. Gowinda a 17 ans et travaille dans un hôtel de Katmandou où il est payé du gîte et du couvert : "Mes frères ont tous quitté le Népal. Un frère au Koweit, un en Angleterre et un en Malaisie." Lui, le cadet de la famille, rêve d'être policier dans la ville de Singapour.

Nani et Minh